TEXTE ÉTUDIÉ
ACTE I, SCÈNE 7
Don Rodrigue, seul.
Percé jusques au fond du cœur
D’une atteinte imprévue aussi bien que mortelle,
Misérable vengeur d’une juste querelle,
Et malheureux objet d’une injuste rigueur,
Je demeure immobile, et mon âme abattue
Cède au coup qui me tue.
Si près de voir mon feu1 récompensé,
Ô Dieu ! l’étrange peine !
En cet affront mon père est l’offensé,
Et l’offenseur le père de Chimène.
Que je sens de rudes combats !
Contre mon propre honneur mon amour s’intéresse2 ,
Il faut venger un père, et perdre une maîtresse ;
L’un échauffe mon cœur, l’autre retient mon bras,
Réduit au triste choix ou de trahir ma flamme,
Ou de vivre en infâme ; Des deux côtés mon mal est infini.
O Dieu ! l’étrange peine !
Faut-il laisser un affront impuni ?
Faut-il punir le père de Chimène ?
Père, maîtresse, honneur, amour,