CHAPITRES 1-21 – DE BICÊTRE
Cela fait cinq semaines que le narrateur a été condamné à mort, cinq semaines qu’il vit avec la pensée obsédante de la guillotine. Auparavant, c’était un homme comme les autres, libre, qui aimait les jeunes filles et le théâtre. Désormais, il est prisonnier et enfermé dans une idée, celle de la mort.
Lors de son procès, il s’est rendu confiant à ses audiences. Il ne voyait pas d’autre issue que la liberté. Mais la sentence fatale est tombée : l’échafaud.
À son arrivée à la prison de Bicêtre, on l’a revêtu d’une camisole de force. Il a décidé de se pourvoir en cassation (c’est-à-dire de présenter un recours extraordinaire devant la Cour de cassation) et devrait bientôt être mis au courant de la décision du tribunal.
Le condamné revient sur ses conditions de détention. Au début de son emprisonnement, les gardiens le traitaient avec une douceur insupportable, lui rappelant à chaque occasion qu’il n’était pas un prisonnier comme les autres (« les égards du guichetier sentent l’échafaud », p. 18). À son grand soulagement, les prévenances ont pris fin après quelques jours.
Chaque semaine, il a droit à une heure de promenade dans le préau, en compagnie des autres prisonniers. Avec eux, il apprend quelques rudiments d’argot, en particulier le vocabulaire lié au milieu carcéral (« La tête d’un voleur a deux noms : la Sorbonne, quand elle médite, raisonne et conseille le crime ; la tronche, quand le bourreau la coupe », p. 18).