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Un Monde sans fin de Ken Follett est un roman historique et épique publié en 2007, aux éditions Penguin, sous le titre World Without End, et en 2008, dans la traduction française de Viviane Mikhalkov, Leslie Boitelle et Hannah Pascal, aux éditions Robert Laffont. Ce roman de 1300 pages environ relève d’une grande saga historique en deux tomes, à la suite du roman Les Piliers de la Terre (1992). Véritable bestseller au succès international reconnu auprès de millions de lecteurs, Ken Follett propose, à nouveau, le portrait d’une époque médiévale anglaise peuplée de mille histoires.
Un Monde sans fin présente ainsi l’histoire de l’Angleterre du xive siècle, autour de l’imposante cathédrale de Kingsbridge. Ken Follet relate, avec une grande précision picturale, la vie d’un peuple confronté à des fléaux sanglants et au chaos sociétal : misère, peste et guerre franco-anglaise s’abattent sur la vie des gens au quotidien. Le peuple et les Seigneurs n’ont plus que la foi pour les soutenir, les religieux, et leur travail. Ken Follett dépeint ainsi la vie de plusieurs familles, et notamment celle de Caris et de Godwyn, deux cousins éclairés, ainsi que celle de Ralph et Merthin, deux frères, sans oublier celle de Gwenda, la paysanne sans foi ni loi. Un Monde sans fin retrace la vie de ces personnages de l’enfance jusqu’à un âge plus avancé, en suivant les pérégrinations de leur quotidien traversé par de nombreux évènements. Les couples se font et se défont, tandis que la vie du prieuré rythme celle des villageois, aux côtés des guildes qui s’imposent de plus en plus. L’analyse des personnages permet de montrer quelle est l’importance de Caris et de Merthin, deux êtres éclairés et courageux ; tournés vers l’avenir, ils sont volontaires et tolérants : elle est une femme médecin, lui, un bâtisseur architecte d’une Renaissance en cours de construction. Face à eux, Gwenda, la criminelle voleuse, et Ralph, le guerrier sanguinaire, représentent des forces antagonistes et mortifères. Godwyn, le représentant religieux du monastère bénédictin, présente les contradictions de cet univers chaotique, qui cherche ses repères.
L’analyse du registre épique de ce roman éclaire, en ce sens, la peinture noire d’un Moyen-Âge aveugle dont le peuple est le personnage principal. Dans un réalisme historique frappant, qui joue des contrastes et des images fortes, appuyé par un travail sur le temps et l’espace qui relève spécifiquement de l’épique, Ken Follett décrit le quotidien de ce peuple au travail, malgré la guerre et la misère. Le roman éclaire les rouages de cette société, ses ordres et ses changements. Le développement de la médecine et la présence d’un personnage féminin, aux responsabilités humanistes, participent aux mouvements de la société médiévale. Enfin, la figure de Merthin, le bâtisseur architecte, qui relaie la présence du Dieu architecte, rappelle l’importance des constructions dans les mentalités et le paysage. Le roman de Ken Follett ouvre ainsi de nombreuses pistes de réflexion, sur la pensée du Moyen-Âge et les enjeux du monde moderne que le lecteur peut y retrouver en cette période sombre de la Covid. La peste des temps modernes n’en finit pas, sans doute, de faire écho à ces temps anciens, qui rappellent au lecteur que Le Monde sans fin est aussi bien celui des fléaux que celui des bâtisseurs, Dieu, l’architecte et l’écrivain qui compose sa somme en « sept parties », non sans une pointe d’humour. Ce livre des mémoires inviterait-il le lecteur à imaginer un nouvel ordre ? Un nouvel ordre épique, inspiré, peut-être, par la technique cinématographique ? Les autres livres de Ken Follett, tout aussi réputés, se situent ainsi, pour la plupart, dans la même veine épique, éclairée, entre autres, par le chercheur Jean Delumeau (Pour rien au monde). S’il y a peu d’études en France sur ses œuvres elles-mêmes, on trouve plusieurs références sur les enjeux du roman historique, épique et populaire dans la littérature contemporaine.