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Le roman de Maurice Leblanc, Arsène Lupin, un Gentleman-cambrioleur, ouvre la voie à une nouvelle légende parmi les figures des romans jeunesse et parmi les romans policiers à succès. Ce roman a connu un tel succès auprès du public, allant des plus jeunes aux adultes, grâce au système populaire du feuilleton en série dès 1905, qu’il a été édité très rapidement en volume aux éditions Laffite. Ce voleur est presque devenu un héros national par le nombre de ses tirages et éditions, ainsi que par les adaptations qui ont suivi (200 000 exemplaires dès 1909). L’humour noir, qui caractérise la signature personnelle d’Arsène Lupin, annonce les meilleurs Boileau-Narcejac du xxe siècle, dans la même veine du genre policier jeunesse. Il se mesure, ainsi, aux plus grands, tel que Conan Doyle, l’auteur du détective anglais.
La présentation générale de l’œuvre et de la vie de Maurice Leblanc donne un cadre à son premier Arsène Lupin et à son originalité. Arsène Lupin constitue le principal, voire l’unique personnage du Gentleman-cambrioleur. L’analyse des personnages invite à entrer, ainsi, dans ses jeux de masque, ses tours et ses détours de Robin des Bois autant que de dandy décadent. Face à lui, seuls les policiers traversent, un peu, les chapitres, avec des personnages de second plan, comme Ganimard, l’inspecteur chargé de ces enquêtes. Une deuxième légende, le Sherlock Holmes de Doyle, prendra le flambeau pour tenter de l’arrêter, juste avant le deuxième roman.
L’analyse des clés fondamentales de lecture de ce roman de Maurice Leblanc conduit ainsi à des pistes de réflexion qui éclairent les enjeux de toute l’œuvre. Cette analyse s’appuie, avant tout, sur le genre du policier jeunesse et de ses ingrédients principaux, afin de tenir son lecteur en haleine, d’un chapitre à l’autre, et d’un roman à un autre également. Les neuf chapitres du Gentleman-cambrioleur de Maurice Leblanc se suivent comme autant de nouvelles à lire séparément, tant par leur indépendance que par le suspense qui les caractérise.
Ce roman-feuilleton de Maurice Leblanc, ancré dans une peinture sociale inspirée par le réalisme flaubertien et par son intérêt pour la noblesse décadente, présente une critique à double face de la société de la Belle Époque.
L’humour qui caractérise cette œuvre fait écho, ainsi, au burlesque absurde du fameux Ubu Roi d’Alfred Jarry, pillant l’histoire et la fortune des nobles, tout en donnant au rire un peu enfantin satanique d’Arsène Lupin une résonance ambigüe. La narration du Gentleman-cambrioleur use de l’ironie, presque voltairienne, comme d’une arme critique, très éclairée, sur l’univers aristocrate, avec un fond de rire provocateur baudelairien.
Enfin, c’est aussi le rire de l’auteur Maurice Leblanc, anarchiste et dandy à son tour, qui fait écho aux annonces des Cris populaires du matin, pour annoncer la publication du journal l’Écho de France informant ses lecteurs des actions d’Arsène Lupin.